Un trésor inestimable pour les colorants alimentaires et la sécurité sanitaire des aliments
Un colorant alimentaire naturel exceptionnel de couleur bleu, provenant de Colombie, a été inclus dans les normes de sécurité sanitaire des aliments du Codex
Un colorant alimentaire naturel exceptionnel de couleur bleu, issu du fruit d’un arbre à feuilles semi-caduques qui pousse dans les forêts de Colombie, est devenu un trésor inestimable pour l’industrie alimentaire. ©Ecofolora S.A.S
05/06/2025
Ce colorant est extrait d’un fruit de la taille d’un kiwi ou d’une goyave, qui pousse sur un arbre à feuilles semi-caduques appelé Genipa americana, dans les forêts de Colombie. Il ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de la sécurité sanitaire des aliments: c’est un joyau pour l’industrie alimentaire, le premier colorant alimentaire bleu qui soit d’origine naturelle et résiste aux acides.
Au contact de l’air, la pulpe du fruit du jagua non arrivé à maturité prend une teinte bleu foncé. Ce pigment a été très utilisé par différents peuples autochtones d’Amérique du Sud pour réaliser des dessins sur la peau et colorer des textiles, des céramiques et certains aliments.
Il est maintenant plébiscité par l’industrie alimentaire, car c’est le colorant alimentaire naturel qui manquait pour couvrir l’ensemble du spectre chromatique.
Élément crucial pour sa commercialisation: il a récemment été intégré au Codex Alimentarius, ou «Code alimentaire», qui est un ensemble de normes, de lignes directrices et de codes d’usages établis il y a plus de 60 ans par une commission mixte de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
La coloration des aliments au bleu de Jagua a été mise au point en Colombie, par une entreprise privée qui a entrepris de produire et de collecter les données nécessaires à l’évaluation scientifique de l’innocuité de cet additif alimentaire.
Après qu’une étude scientifique poussée a été menée et qu’il a été confirmé que ce produit répondait à un besoin, l’utilisation du bleu de Jagua a été autorisée dans le cadre de la norme du Codex sur les additifs alimentaires, qui couvre tous les aliments, des confiseries aux céréales pour petit-déjeuner.
L’inclusion du bleu de Jagua dans les normes de sécurité sanitaire des aliments du Codex Alimentarius pourrait renforcer les moyens de subsistance des peuples autochtones et contribuer à la préservation de la biodiversité. En haut, à gauche: ©Creative Commons/ Alejandro Bayer Tamayo. En bas, à droite: ©Creative Commons/Alex Popovkin
Pour la Colombie, la norme sur le bleu de Jagua est un enjeu très important. Selon les autorités locales, l’inclusion du bleu de Jagua dans le Codex Alimentarius peut contribuer à améliorer le bien-être économique des peuples autochtones qui utilisent ce colorant depuis des générations. Les peuples Emberá, en particulier, dont beaucoup vivent, selon leur tradition, aux abords de cours d’eau qui traversent la région densément boisée du Chocó, dans le nord-ouest du pays, espèrent en bénéficier.
Quel que soit le modèle de production, la Colombie espère que la norme de sécurité sanitaire ouvrira de nouveaux marchés et débouchés, tout en favorisant la préservation de la biodiversité et l’adoption de pratiques agricoles durables.
Du point de vue de la sécurité sanitaire des aliments, l’inclusion dans le Codex Alimentarius revêt manifestement une grande importance et «illustre l’étourdissante variété d’aliments et d’ingrédients alimentaires qui circulent aujourd’hui dans le monde entier, et pour lesquels le Codex Alimentarius joue un rôle essentiel en garantissant que consommateurs et négociants peuvent avoir confiance en leur innocuité et en leur qualité», explique Sarah Cahill, Secrétaire de la Commission FAO/OMS du Codex Alimentarius. «De bonnes connaissances scientifiques et une bonne évaluation des risques sont indispensables pour que le Codex puisse jouer ce rôle crucial.»
Les textes du Codex Alimentarius protègent la santé des consommateurs et garantissent la loyauté des pratiques dans le commerce international des produits alimentaires. Ce commerce à l’échelle planétaire existe depuis des milliers d’années, mais le volume de produits alimentaires échangés au niveau international a connu une croissance exponentielle au cours du siècle dernier.
Établir des normes, pour le bleu de Jagua ou pour tout autre produit alimentaire, n’est pas une tâche aisée, car elle a de lourdes conséquences pour les consommateurs et les marchés. © Creative Commons/ Cody H
Comment savoir si un produit alimentaire est sûr?
Pour un produit quel que le bleu de Jagua ou pour tout autre produit alimentaire, la procédure d’établissement de normes n’est ni simple ni rapide, étant donné qu’elle a des implications profondes pour les consommateurs et les marchés.
Par conséquent, les scientifiques réalisent des études fondées sur des données probantes afin de recenser tous les dangers que peuvent présenter une denrée alimentaire. Ils évaluent ensuite tout risque éventuel pour les consommateurs en reliant ces études aux informations sur la quantité ingérée et les données toxicologiques sur les niveaux maximaux ne présentant pas de risque inacceptable pour l’être humain.
L’évaluation toxicologique et l’établissement de spécifications pour le bleu de Jagua ont été effectués par un comité mixte FAO/OMS d’experts, qui a mis plusieurs années à trouver un accord final sur les critères de sécurité primordiaux.
Tous les textes du Codex ont un fondement scientifique, comme en témoigne le processus suivi pour le bleu de Jagua.
Tant la science que les valeurs fondamentales de transparence, d’inclusion, de collaboration et de recherche de consensus sont indispensables pour que la Commission du Codex Alimentarius puisse continuer à jouer son rôle clé de référence internationale en matière de sécurité sanitaire des aliments et de première source de normes alimentaires fondées sur la science pour de nombreux pays. La science soutient également la FAO dans le rôle qui lui est propre consistant à superviser tous les aspects de la chaîne alimentaire et à faire en sorte que chacun d’entre nous puisse avoir une plus grande confiance dans les aliments que nous consommons.
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